Faire du management quand on est entrepreneur
Mai 1
2023

Faire du management quand on est entrepreneur, ça implique quoi ?

Julie Fabre

Être entrepreneur.e, c’est jongler constamment entre différentes tâches et responsabilités. Même si ce n’est pas toujours évident, c’est ce côté « gestion en solo » de son planning et de ses projets qui peut être ultra kiffant. 😎

☝🏼 Ouiiiii, mais voilà : tôt ou tard, on finit par s’apercevoir que les journées ne sont pas extensibles et que certaines compétences clés nous font défaut. C’est exactement ce qui nous est tombé dessus avec Julia, avant même de créer notre SAS… Il fallait nous rendre à l’évidence : nous ne pouvions pas être au four et au moulin, tout en restant créatives et 100 % focus sur le développement de notre entreprise.

Heureusement, il existe des solutions si tu te retrouves toi aussi dans cette situation : tu peux sous-traiter certaines missions, collaborer et nouer des partenariats avec d’autres freelances, déléguer une partie de ton business à des prestataires externes, recruter un.e salarié.e ou encore prendre un.e alternant.e afin de te prêter main-forte.

🔄️ Aujourd’hui, je voulais donc te parler de ce switch entre la fonction d’entrepreneur et de manager, deux rôles très différents. Tu t’en doutes certainement, mais gérer une ou plusieurs personnes pour t’épauler demande une multitude de conditions préalables et de savoir-être. Ça ne s’improvise assurément pas.

Comme on a encore très peu évoqué ce sujet du management en entrepreneuriat sur ce blog (alors qu’il s’agit d’une problématique majeure), il est temps d’y remédier !

Et pour que ce soit très clair, sache que cet article s’adresse à tous les profils d’indépendant.e.s, peu importe le statut. Que ce soit le management en microentreprise ou en société, les bonnes pratiques restent les mêmes. 😉

Je ne te fais pas attendre plus longtemps alors let’s go : voici 6 pré-requis pour être un bon entrepreneur-manager. ⤵️

 

Pré-requis n°1 : Une vision stratégique de ton business

À mon sens, impossible de faire du management sans avoir réfléchi en amont à une stratégie long terme pour ton entreprise.

👉🏼 J’entends par là : savoir où tu vas, pour quelles raisons tu souhaites prendre cette direction et quels moyens mobiliser pour y parvenir (les ressources humaines, matérielles et financières).

Big up à tou.te.s les freelances qui improvisent au jour le jour et qui sont en freestyle permanent… Je parle en connaissance de cause, puisque je suis moi-même passée de l’anarchie totale à un quotidien d’entrepreneur plus serein. ✌🏼

Avoir une vision stratégique implique :

  • D’être capable de définir tes priorités, de façon à prendre les bonnes décisions au quotidien, pour toi et ton équipe.
  • De fixer des objectifs clairs, réalistes et mesurables (histoire de ne pas demander la lune à tes partenaires 😅, mais aussi d’être en mesure de calculer ton retour sur investissement).
  • De donner du sens à toutes les tâches opérationnelles, une condition sine qua non pour générer de l’enthousiasme et de la motivation au travail.

Dans la situation inverse, tu risques de mal cibler tes actions et de driver tes collaboratrices et collaborateurs sur le mauvais chemin. Bref, tu vas t’éloigner des intentions et des ambitions que tu as posées au départ, ce qui s’avère totalement contre-productif (et plus que regrettable étant donné les coûts que la délégation ou qu’un recrutement peut engendrer).

🧭 D’où l’importance de construire une roadmap pour ton business : c’est cet outil qui va te permettre de développer ton activité sans jamais perdre de vue tes aspirations et ton « pourquoi » (= la raison d’être de ton entreprise). Si tout est limpide, logique et cohérent dans ton esprit, tu seras à même d’expliquer clairement à une tierce personne les enjeux derrière chaque mission (voire micro-tâche) qui lui est confiée.

Pré-requis n°2 : Un mindset d’entrepreneur-manager

Aaaah le mindset… 🧠 Comment ne pas l’évoquer ? C’est sur lui que tout repose, et notamment ton aptitude à manager et à gérer des ressources humaines.

Rassure-toi, je ne vais pas te refaire tooouuut le topo concernant l’impact de ton état d’esprit sur ton activité d’entrepreneur.e. Notre ami Thomas l’a déjà très bien expliqué et illustré avec un magnifique schéma dans son billet sur le mindset en freelance. 🥰

En revanche, il me semble capital de te rappeler qu’on ne peut pas déléguer ou sous-traiter certaines tâches sans être mentalement prêt.e à le faire.

C’est-à-dire, très concrètement :

  • Accepter de renoncer à une partie de ta liberté d’action, pour coordonner ton emploi du temps avec celui d’autres humains et faire preuve de disponibilité quand c’est nécessaire.
  • Être en capacité de faire confiance à quelqu’un que tu ne connais pas forcément très bien et qui n’a pas encore pu faire ses preuves à tes côtés.
  • Encourager la prise d’initiative et lâcher prise sur certains aspects de ton business (l’angoisse ultime des perfectionnistes et des maniaques du contrôle, probablement en PLS après avoir lu cette phrase 😂).

Face à tous ces challenges, il se peut que tu aies encore des réticences et des appréhensions. Résultat : si tu te lances quand même dans un processus d’embauche ou de recrutement (sous la pression et la charge de travail), tu vas forcément y aller à reculons, ce qui va pénaliser à la fois tes collaborations et l’avancement de tes projets.

En réalité, derrière un mindset hésitant et peu confiant se cachent bien souvent :

➖ Des croyances et des opinions, que tu prends pour des vérités absolues.
➖ Des idées reçues, entendues çà et là dans ton entourage pro ou perso (et il y en a des vertes et des pas mûres 🍅).
➖ Des peurs, alimentées par des émotions négatives et des ressentis que tu as du mal à analyser.

Entre autres exemples, tu peux craindre de perdre deux fois plus de temps au lieu d’en gagner, t’attendre à devoir tout refaire, ou bien te dire que de toute façon tu seras déçu.e ou frustré.e par tes partenariats.

🥊 Assumer les responsabilités d’un entrepreneur-manager nécessite de faire sauter ces barrières psychologiques et émotionnelles, l’une après l’autre. L’objectif est d’adopter un état d’esprit positif et engagé, ouvert à d’autres idées et à de nouvelles manières de faire les choses. Et ce, malgré les déconvenues et les désillusions que tu rencontreras forcément à un moment ou à un autre.

Hélas, ce switch mental ne se fait pas en un claquement de doigts, pile au moment où tu prends conscience que tu as besoin d’aide pour faire tourner et grandir ton activité. Maiiiis la bonne nouvelle, c’est que tu peux déjà apprendre à muscler ton mindset entrepreneurial afin d’adopter une posture beaucoup plus confiante. 💪🏼 Tout ça grâce à un travail d’introspection et à des exercices concrets pour passer à l’action le plus sereinement possible.

Pré-requis n°3 : Une posture de leadership

Assurer un rôle de manager, c’est avant tout occuper une posture de leader. Ça rejoint quelque peu l’idée précédente à propos du mindset, mais ici, on parle surtout de ton positionnement et de ton attitude vis-à-vis des personnes qui t’accompagnent dans le développement de ton activité.

Quand on est freelance ou solopreneur.e, on a souvent du mal à incarner ce rôle de chef.fe d’entreprise. Sans doute parce que l’on peine à prendre de la hauteur par rapport à ce que l’on fait quotidiennement sur le terrain, et que (avouons-le) ça met pas mal de pression sur les épaules. 🫠

Sauf que l’externalisation de tâches demande d’être capable d’endosser pleinement cette fonction de dirigeant.e qui guide, motive, influence et inspire.

Une bonne posture managériale permet :

  • De fédérer une équipe de travail (généralement à distance, ce qui complexifie la tâche).
  • D’unifier les pratiques, tout en respectant les spécificités et la personnalité de chacun.
  • De faire respecter tes exigences sans être un.e tyran.
  • De recadrer sans démotiver en cas de pépin ou de mauvaise compréhension des consignes.
  • D’anticiper d’éventuelles tensions ou difficultés.
  • D’assumer les conséquences d’une erreur, notamment si ça impacte directement ta clientèle, ta réputation et ton image de marque.
  • De gérer un conflit de façon à toujours réagir pour le bien de ton entreprise.

☝🏼 Petite précision : si tu es entrepreneur.e et que tu externalises divers pans de ton business qui se situent en dehors de ta zone de kiff (comptabilité, communication sur les réseaux sociaux, campagnes publicitaires, prospection, etc.), toutes les personnes avec qui tu collabores ne seront pas forcément amenées à travailler ensemble. Chacun peut réaliser sa mission de son côté, sans interdépendance.

Dans ce contexte, la dimension collective est donc moins forte qu’au sein d’une entreprise où des collègues se côtoient toute la semaine. Néanmoins, la logique managériale reste assez similaire : tu quittes le mode solo pour faire fonctionner ton entreprise à plusieurs, et c’est à toi d’occuper la position de chef.fe d’orchestre.

D’ailleurs, c’est peut-être même plus compliqué de réussir à injecter de la cohésion partout, quand chaque partenaire travaille de son côté et que tu dois coordonner toutes les actions en fonction d’une ligne directrice. On en revient à l’aspect stratégique fondamental pour pérenniser ton business. 🙏🏼

Pré-requis n°4 : Des process et une organisation à toute épreuve

Tu souhaites préparer le terrain avant de déléguer pour la toute première fois ? Il me paraît incontournable de systématiser ton entreprise et d’avoir une organisation bien ficelée pour toutes tes tâches.

Je dirais même que c’est vital si tu ne veux pas te retrouver avec des prestataires complètement perdu.e.s, qui partent dans tous les sens et qui s’en remettent à leur propre manière de fonctionner (pas toujours optimale). 😬

Pour atteindre une certaine efficience managériale, je te conseille :

  • De concevoir des process efficaces sur lesquels tes partenaires peuvent s’appuyer si tu fais appel à leurs services. Ce sont des systèmes récurrents, des plans d’actions étape par étape pour expliquer le chemin à suivre lors de la réalisation d’une mission.
  • De réfléchir à un briefing détaillé pour toutes les tâches dont tu souhaites te décharger. Si possible, avec un maximum d’informations concernant tes attentes, tes critères de sélection, ton budget ou encore les compétences attendues. Tous ces éléments feront l’objet d’une discussion avec la personne concernée, mais brainstormer dessus en amont et anticiper tous ces aspects te permettra d’y voir plus clair et de savoir précisément ce que tu recherches comme profil.
  • D’adopter toutes les bonnes habitudes en matière de productivité et d’organisation. Le but est d’optimiser ton emploi du temps, de trouver les méthodes de travail les plus efficaces pour toi et d’aller à l’essentiel, sans te disperser. Grâce à cela, tu pourras planifier et administrer tes collaborations, gérer l’onboarding de chaque partenaire, assurer un suivi et programmer des bilans réguliers en toute sérénité.

L’avantage, c’est qu’une fois tes process créés et ta logistique bien définie, tu gagnes un temps considérable et tu en fais profiter tout le monde. C’est ce qui te permet de cadrer tes collaborations (pour qu’elles soient fluides et agréables) et de manager efficacement, sans avoir à tout réexpliquer à chaque fois. 😌

Pré-requis n°5 : Une vraie culture d’entreprise

Qui dit management dit aussi culture d’entreprise. Ce terme désigne toutes les valeurs morales, les normes, les codes, les règles, les routines et les façons de faire propres à une entreprise.

➡️ Ton organisation et tes process en font donc partie, au même titre que les outils collaboratifs utilisés pour travailler en équipe. Le moindre détail a son importance : c’est ce qui caractérise ton business et le démarque de n’importe quelle autre entité.

☝🏼 Quand tu es solopreneur.e, ton image de marque et le bon fonctionnement de ton activité reposent essentiellement sur toi. Tu sais ce qui t’a amené.e à entreprendre, tu défends tes convictions et tu partages naturellement ton histoire lorsque tu échanges avec tes prospects ou que tu communiques auprès de ton audience.

En revanche, quand tu commences à travailler avec d’autres personnes, tu as la charge de transmettre une culture commune pour rassembler toute ton équipe autour d’un même socle : ce qui constitue l’ADN de ton business, son identité et sa singularité.

🎯 À vrai dire, tu as un double objectif à relever : non seulement il faut réussir à créer une véritable culture d’entreprise, mais également être apte à la transmettre aux membres de ton équipe. Ce sont deux choses bien différentes.

Quelques pistes d’action concrètes : instaurer des traditions annuelles voire mensuelles, diffuser une charte en interne, communiquer et sensibiliser à une évolution des pratiques avant un changement structurel, etc. Toutefois, le plus décisif reste à mes yeux d’incarner cette culture afin de montrer l’exemple. 🙂

Pré-requis n°6 : Des compétences humaines et comportementales

On termine avec un pré-requis essentiel en matière de management : l’humain, et tout le côté relationnel qui en découle. 💛

Au-delà des compétences techniques (hard skills), ce sont surtout les compétences humaines et comportementales (soft skills) qui font d’un entrepreneur un bon manager. C’est aussi l’aspect le plus difficile à maîtriser. Parce qu’en effet, il faut être capable de se remettre en question et de faire un travail sur soi-même lorsque l’on ne dispose pas de toutes les qualités requises pour gérer des relations interpersonnelles.

💣 Rappelons qu’il y a des enjeux commerciaux à la clé, et que le succès de ton business dépend de la qualité du travail fourni sur tous les fronts. De ce fait, il arrive qu’un.e indépendant.e qui décide de déléguer/sous-traiter ait tendance à imposer son autorité, à fliquer ses prestataires, à prendre des décisions arbitraires, voire à s’accaparer tout le mérite d’un projet qui a porté ses fruits.

L’opposé est également possible : un.e entrepreneur.e qui a beaucoup de mal à faire entendre sa voix, qui laisse couler en cas de retard ou d’erreur, qui n’exprime que très peu ses besoins, ou bien qui met sous le tapis certaines tensions en espérant que ça passe. 😶‍🌫️

👉🏼 Bon, là, on part un peu dans les extrêmes, mais c’est pour illustrer le fait que certains comportements et traits de personnalité peuvent s’avérer très problématiques quand on est responsable de la gestion des ressources humaines au sein de son entreprise.

Parmi les compétences managériales les plus importantes, on peut citer :

  • l’adaptabilité et la flexibilité ;
  • l’intelligence émotionnelle ;
  • l’empathie ;
  • l’écoute active ;
  • la communication ;
  • la bienveillance ;
  • l’humilité ;
  • la confiance en soi et en l’autre ;
  • la transparence et l’authenticité ;
  • l’optimisme ;
  • la diplomatie ;
  • l’esprit d’équipe et le sens du collectif.

Je pense qu’on a fait le tour de tous les pré-requis pour assurer une fonction de manager. Pour résumer tout ce qui s’est dit, je dirais que faire du management quand on est entrepreneur.e demande d’être à la fois visionnaire, chef de projet, décisionnaire et gestionnaire. Ce changement de casquettes demande une bonne préparation mentale, une stratégie de long terme et une organisation bien cadrée ! Ce qui est certain, c’est que la posture managériale et l’esprit entrepreneurial ne sont définitivement pas innés : ce sont deux aptitudes que tu peux acquérir, travailler et développer au fil du temps et de tes expériences. 🤗

Quels sont les pré-requis dont tu disposes déjà pour bien manager une équipe ?

Être entrepreneur.e et manager, ça implique quoi ?

Recruter quand on est entrepreneur.e demande à la fois d'être visionnaire, chef de projet, décisionnaire et gestionnaire.

6 pré-requis pour manager en étant entrepreneur.e

Management et entrepreneuriat : quelles sont les bonnes pratiques à respecter ?

Un entrepreneur-manager est un entrepreneur qui doit également assurer une fonction de management au sein de son entreprise : il structure son activité et crée des offres innovantes, tout en gérant les collaborateurs et les partenaires qui l’épaulent pour certaines tâches.

Sans une gestion efficace des ressources humaines, un.e entrepreneur.e risque de nuire au bon fonctionnement de son entreprise, de ne pas bénéficier d’un retour sur investissement et donc de compromettre le développement de son business.

Un bon management d’entreprise consiste à mettre en place toutes les conditions favorables pour créer un cadre de travail serein, agréable et stimulant : tu peux travailler sur ton mindset et ta posture de leader, mettre au clair ta vision stratégique, construire des process efficaces, adopter une organisation à toute épreuve et développer tes soft skills.

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