Entrepreneur et administratif : ce que tu dois savoir avant de te lancer
Aujourd’hui, j’accueille sur le blog celle qui a débuté en blogging presque en même temps que moi : Stéphanie, de J’aime La Paperasse 🥰
Je lui ai simplement posé la question : « Qu’est-ce qu’on ne dit que trop peu aux nouveaux entrepreneurs ces dernières années ? » ⬇️ Je lui laisse la parole !
L’entrepreneuriat se développe de plus en plus, et c’est une bonne nouvelle : cela signifie que c’est un choix professionnel qui devient accessible. Aujourd’hui, devenir freelance ou monter une entreprise, ce n’est plus considéré comme une décision « atypique » qui serait réservée à un profil particulier de personnes. On crée son entreprise pour développer sa propre vision du travail, pour construire un projet, pour travailler de n’importe où dans le monde, ou encore pour maîtriser son emploi du temps. Bref, ce qui ressort très souvent, c’est une quête de sens et de liberté.
Seulement, même le plus beau projet d’entreprise ne fonctionnerait pas correctement sans un minimum de cadre. Et cela passe par l’aspect administratif : bien choisir son statut juridique, gérer sa trésorerie, faire des choix stratégiques.
Eh oui ! La stratégie passe aussi par l’administratif et certains aspects ne doivent pas être pris à la légère pour donner un maximum de chances à ton projet de fonctionner au mieux. C’est donc l’occasion de revenir sur quelques points que tous les entrepreneurs devraient connaître avant de se lancer.
La micro-entreprise n’est pas adaptée à tous les projets
Le statut d’auto-entrepreneur ou micro-entrepreneur (c’est exactement la même chose) est vraiment une aubaine pour se lancer en douceur. Les formalités administratives sont gratuites, tout se fait en ligne, la création comme la gestion sont très simplifiées par rapport aux autres formes juridiques d’entreprise…
Même d’un point de vue financier, la micro-entreprise est généralement intéressante. En effet, c’est un fonctionnement tellement simplifié que tu n’as pas besoin d’un expert-comptable pour assurer la tenue de la comptabilité et t’accompagner dans la gestion, donc cela représente déjà une belle économie 🤓
Quant aux cotisations sociales, même si elles représentent souvent le plus gros poste de dépenses, leur mode de calcul reste généralement avantageux quand on démarre, surtout dans les activités de freelance. Dans ce cas, il faut compter des charges sociales de 22 % du chiffre d’affaires, sans montant minimum. Pour une entreprise individuelle « classique » ou une SARL/EURL, ces charges représentent environ 45 % du bénéfice, avec un montant minimum à verser même quand on ne réalise pas de chiffre d’affaires, et on ne parle même pas des cotisations sociales en tant que dirigeant d’une SAS !
On comprend vite le succès de la micro-entreprise 😏
Mais, tu l’auras compris, ce n’est pas non plus un idéal absolu. Pour arriver à ce système simplifié, tout est compté de façon forfaitaire. Tu ne déduis pas tes charges réelles pour calculer tes cotisations et impôts puisque c’est un pourcentage forfaitaire qui s’applique au chiffre d’affaires.
Le problème va donc se poser quand tes charges et investissements vont augmenter au fur et à mesure du développement de ton entreprise : des achats de matériel, des prestations d’autres professionnels… Tu continues à payer tes cotisations sociales sur la totalité de ton chiffre d’affaires, alors qu’en réalité, tu en reverses la moitié à tes partenaires.
➡️ Selon ton projet, ces questions peuvent être présentes dès le début, surtout si tu sais que tu auras des frais importants comme un loyer pour occuper un local, des achats de matériel ou de la sous-traitance. Alors même si la micro-entreprise reste d’une façon générale un excellent moyen de tester son projet sans prendre de risque et sans se prendre la tête avec des démarches compliquées et coûteuses, cela vaut le coup de te poser la question du choix du statut et de te faire conseiller par un expert-comptable.
Une entreprise ne se développe pas sans argent
Quand on dit que l’argent est le nerf de la guerre, ce n’est pas pour rien. La vérité, c’est qu’on peut créer une entreprise sans argent. Tu as probablement déjà un ordinateur et un smartphone pour démarrer ton activité. Côté administratif, la création d’une micro-entreprise est totalement gratuite (excepté un paiement de 25 € pour les agents commerciaux), donc ce n’est pas ce qui demande d’investir.
En plus, comme tes charges sont calculées sur ton chiffre d’affaires, tu n’as rien à payer tant que tu n’encaisses rien, c’est parfait.
Aujourd’hui, on a la chance de pouvoir utiliser une panoplie d’outils gratuits qui offrent de belles fonctionnalités pour démarrer, que ce soit pour s’organiser, pour créer des visuels, pour gérer une mailing list, pour tenir sa comptabilité ou créer ses factures… Il y en a pour tout !
Mais la vérité, c’est surtout que développer une entreprise demande d’investir.
Pour professionnaliser ton activité, pour gagner du temps, pour améliorer tes compétences : oui, tu vas devoir investir du temps et de l’argent. C’est la suite logique et saine d’une entreprise qui fonctionne.
L’argent ne doit donc pas être un tabou : si tu crées une entreprise, c’est dans l’optique de générer des revenus, donc de gagner de l’argent. Mieux, le but n’est pas seulement de générer du chiffre d’affaires, mais de dégager un bénéfice suffisant, c’est-à-dire ce qu’il te reste une fois que tu as payé toutes tes charges.
Pour y parvenir, il est indispensable d’avoir un oeil sur tes chiffres pour avoir conscience de ce que tu encaisses, mais aussi de tes dépenses, pour savoir à quel moment tu peux investir sans mettre en péril ta trésorerie.
➡️ Plus tu oses te confronter aux chiffres, plus tu affines ta vision stratégique, qui passe aussi bien par la gestion de ta trésorerie que par des investissements pour développer ton activité.
On a des droits à la formation quel que soit son statut
Parmi les choses qu’on ignore quand on devient travailleur indépendant, le droit à la formation se place probablement sur le podium.
Se former tout au long de sa carrière, c’est considéré comme normal quand on est salarié, surtout dans une grande entreprise ou pour les métiers qui évoluent rapidement. Il n’y a qu’à voir à quelle vitesse les technologies se développent pour comprendre que c’est tout simplement indispensable !
Pourtant, on croit souvent que le droit à la formation est réservé aux salariés, et que les indépendants n’ont pas d’autre choix que de financer eux-mêmes leur formation. Et la formation… ça coûte cher.
Bien sûr, tu peux te former gratuitement grâce aux très nombreux contenus présents sur le web, et c’est une formidable opportunité. Mais parfois, il est bien utile de pouvoir suivre une formation complète et structurée, pour te faire avancer plus vite et aller plus loin.
Pour cela, il y a deux grandes catégories d’aide au financement de formations à connaître.
La première, ce sont les fonds d’assurance formation ou FAF pour les intimes. Ce sont des organismes qui s’occupent spécifiquement des droits à la formation des travailleurs indépendants. Il en existe plusieurs en fonction de l’activité de l’entreprise, les plus susceptibles de te concerner étant :
- l’AGEFICE, pour les activités commerciales et désormais la plupart des micro-entrepreneurs qui exercent une profession libérale non réglementée,
- le FAFCEA pour les activités artisanales,
- le FIFPL pour les activités libérales en règle générale.
Les conditions varient selon l’organisme et selon ton activité, mais il faut savoir que les prises en charge peuvent dépasser les 2 000 € dans certains cas, donc c’est une aide très intéressante. À partir du moment où tu verses la contribution à la formation professionnelle, qui se paie en même temps que les cotisations sociales, tu bénéficies de cette enveloppe annuelle.
Le principal inconvénient, c’est qu’il faut généralement avancer les frais et se faire rembourser, avec un certain délai d’attente.
L’autre mode de financement à connaître, c’est tout simplement le compte personnel de formation (CPF), qui a remplacé le DIF. Il est également accessible aux travailleurs indépendants, qui cumulent 500 € par an, exactement comme les salariés.
Contrairement aux financements par les FAF, les droits se cumulent d’année en année, jusqu’à un plafond de 5 000 €, avec l’énorme avantage d’éviter toute avance de frais. En plus, depuis l’ouverture de la plateforme Mon compte formation (moncompteformation.gouv.fr), l’utilisation du CPF est très pratique et rapide.
➡️ L’inconvénient qui persiste quel que soit l’organisme de financement, c’est qu’il n’est pas possible d’y avoir recours pour n’importe quelle formation. Elle doit remplir un certain nombre de critères, et l’entreprise qui la dispense doit avoir réalisé une démarche qualité comme le Datadock – ou la certification Qualiopi qui va le remplacer d’ici janvier 2022.
La CFE, cet impôt encore trop méconnu
Dans la catégorie des mauvaises surprises, la CFE fait partie des plus… piquantes. Imagine la scène. Tu as créé ton entreprise, tu paies tes cotisations sociales, tes impôts, tout roule, tu crois être en règle et un beau jour, surprise. Tu trouves dans ta boîte aux lettres un rappel des impôts avec une majoration, pour une taxe dont tu ignorais l’existence : la cotisation foncière des entreprises.
Malheureusement, ce genre de situation se produit encore par manque d’information. La bonne nouvelle, c’est que toi qui lis cet article, tu ne connaîtras pas cette désagréable sensation.
Alors, pour t’expliquer en quelques mots à quoi t’attendre, la CFE fonctionne à peu près comme la taxe d’habitation, mais pour les entreprises. On en est systématiquement exonéré l’année civile de la création, puis on la verse une fois par an, au mois de décembre – à moins d’opter pour un prélèvement mensuel.
Le montant est extrêmement variable selon la commune où est implantée l’entreprise – comme la taxe foncière ou la taxe d’habitation ! – avec des cotisations minimales fixées à une centaine d’euros dans certaines villes, et se rapprochant plutôt du millier d’euros ailleurs. Et dans ce cas, la surprise est particulièrement douloureuse, surtout juste avant Noël !
Il existe tout de même quelques cas d’exonération, comme pour la plupart des activités artisanales, ou encore pour les entreprises qui réalisent moins de 5 000 € de chiffre d’affaires.
Côté démarches, il y a deux actions indispensables.
- La première, c’est d’adresser à ton SIE (service des impôts des entreprises) la déclaration initiale de CFE, baptisée 1447-C, au plus tard le 31 décembre de l’année civile de création. Même si ce n’est pas systématique, l’absence de dépôt peut coûter une amende de 150 €.
- La seconde, c’est d’ouvrir ton espace professionnel sur le site des impôts (impots.gouv.fr). C’est là que tu pourras consulter et payer ton avis de CFE, donc c’est une étape à ne pas négliger. Et comme la validation de ton espace se fait grâce à un code d’activation envoyé par courrier postal en tarif extra-lent, il vaut mieux s’y prendre à l’avance et éviter l’engorgement de fin d’année.
Voilà, tu sais l’essentiel sur la cotisation foncière des entreprises : en suivant ces quelques étapes, tout devrait bien se passer.
La date de création a un impact stratégique
Dernier point, mais pas des moindres : bien choisir la date de création de ton entreprise. À chaque fois que je soulève la question du bon moment pour créer son entreprise, tu sais ce qu’on me répond ? C’est maintenant, il faut se lancer, il n’y a pas de bon moment !
Oui, mais non. Quand à un jour près tu passes à côté d’aides à la création, c’est dommage. Alors, sur le fond, nous sommes parfaitement d’accord, mais il vaut mieux prendre le temps de réfléchir à la question de la date de début d’activité pour optimiser les aides à la création.
Pour prendre un exemple très concret, cette date est le point de départ de l’ACRE si tu en bénéficies. L’ACRE, c’est-à-dire l’aide à la création ou reprise d’entreprise, c’est une réduction de cotisations sociales accordée en début d’activité, de façon systématique… sauf en micro-entreprise. Dans ce dernier cas, il faut remplir un des critères et déposer une demande.
Si on prend le cas d’un auto-entrepreneur, l’ACRE fonctionne par trimestres civils. Cela veut dire qu’il vaut mieux créer son entreprise en début de trimestre civil pour en bénéficier le plus longtemps possible.
En pratique, cela signifie que peu importe que tu crées ton entreprise le 1er janvier ou le 25 mars, si tu bénéficies de l’ACRE, ce sera jusqu’au 31 décembre… ce qui représente presque 3 mois d’exonération en plus ou en moins !
Autre exemple encore plus significatif, le cas du demandeur d’emploi. Si ton entreprise est active alors que tu es encore salarié(e), tu peux cumuler les revenus de ton entreprise avec la totalité de l’allocation chômage.
Si au contraire tu crées ton entreprise alors que tu es déjà demandeur d’emploi, cela te permet d’accéder à d’autres dispositifs, comme l’ARCE : le versement de 45 % de tes droits au chômage sous forme de capital au lieu du versement mensuel. En revanche, si tu optes pour le maintien de l’allocation chômage (ou plutôt ARE, aide au retour à l’emploi), le montant d’allocation chômage versé chaque mois est plafonné en fonction des revenus générés avec ton entreprise.
Il existe d’autres points qui peuvent peser sur le choix de ta date de création d’entreprise, mais avec ces exemples, tu peux déjà entrevoir la portée stratégique de cette simple date. Penser stratégie pour optimiser les aides à la création, c’est déjà un excellent départ pour ton entreprise !
L’entrepreneuriat est une belle aventure, et l’administratif n’en est que le support. Le tout, c’est de démarrer sur de bonnes bases, de soigner ta gestion, et de savoir réagir au fur et à mesure de l’évolution de ton entreprise. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai créé la formation Objectif Micro-entreprise : que chaque entrepreneur se lance avec toutes les clés pour gérer l’administratif avec succès ! Et cerise sur le gâteau, elle est éligible aux financements, y compris au CPF, pour préserver ta trésorerie 🤗
Alors, tu savais tout ça ?
L’administratif des entrepreneurs
👓 Quels sont les principaux avantages d’une micro-entreprise ?
Les formalités administratives de la création d’une micro-entreprise et sa gestion sont simples et rapides, les cotisations sociales sont moins lourdes qu’une entreprise classique.
🧐 Quels sont les principaux inconvénients d’une micro-entreprise ?
Ce statut, qui se base sur des calculs forfaitaires, n’est pas adapté à tous les projets, notamment en termes de frais et dépenses annexes et nécessaires à l’exercice de son activité qui ne peuvent pas être déduites du chiffre d’affaires déclaré. Il est également plafonné par un seuil de chiffre d’affaire à ne pas dépasser.
🧠 Les entrepreneurs et indépendants ont-ils des droits à la formation ?
Oui tout comme les salariés, n’hésite pas à te renseigner car il existe 2 grandes catégories d’aide au financement de formations à connaître : les fonds d’assurance formation (FAF) et le compte personnel de formation (CPF).
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Nous y répondrons dans les plus brefs délais.
2 commentaires
Bonjour Julia !
Merci pour ce bel article !
J’ai une petite question concernant la date de création… Je comptais créer ma boite le 1er mars 2021 mais je comprends bien il vaut mieux attendre la fin du mois ? Pour info, je suis demandeuse d’emploi indemnisée, si ça change quelque chose. Merci pour ton retour ! :)
Hello Mathilde,
Au niveau de l’ACRE, l’idéal c’est le 1er avril.
Une création en mars fait perdre deux mois de réduction de cotisations sociales
Mais bien sûr si on a des opportunités qui nécessitent de faire sa création avant, ça peut être une bonne raison de se lancer quand même en mars