Entrepreneurs et Freelances : le mystère du mindset

C’est quoi au juste le mindset ?

Avant de nous aventurer plus loin, prenons le temps de tenter de définir au plus juste ce terme et ses dérivés. Pour ça, je vais faire appel à plusieurs définitions :

• Dans le dictionnaire anglais de Cambridge, la définition de mindset est la suivante : « a person’s way of thinking and their opinions » soit « La manière de réfléchir d’une personne, et ses opinions ».
• Dans celui d’Oxford : « the established set of attitudes held by someone » soit « l’ensemble d’attitudes établies chez une personne ».

De par ces deux définitions, le « mindset » est alors un assemblage de modes de réflexion, nos attitudes et opinions, et donc plus globalement de la manière dont notre cerveau agit ou réagit face à telle ou telle situation. La traduction française de « état d’esprit » nous pointe dans la même direction, avec la définition de « la mentalité d’une personne » et même en ajoutant potentiellement une dimension de temporalité avec le mot « état ».

Notre mindset, c’est en somme l’état de notre esprit (ou alors état psychique si le mot « esprit » vous semble trop religieusement connoté) à un instant T.

Et c’est justement cette nuance qui vient soulever une des premières choses essentielles à noter à propos de notre propre mindset : il est changeant et, surement plus important encore, nous pouvons le changer. Cela peut peut-être sembler anodin, mais ce sera important pour plus tard.

Quel impact du « Mindset » sur nos vies et nos business ?

La première fois que j’ai réellement compris l’impact de cette réflexion sur le mindset, c’est en rencontrant le travail de la chercheuse en psychologie Carol Dweck. L’un des principaux sujets de recherche du Dr Dweck a été d’observer la relation à l’échec de jeunes étudiants, notamment par l’observation de leurs comportements suite à une mauvaise note par exemple.

La question à l’origine de sa recherche était sûrement semblable à celle-ci : qu’est-ce qui fait que certains étudiants vont s’améliorer suite à une mauvaise note, et d’autres stagner ?

Leur première observation a été les comportements différents suite à un échec. Certains étudiants redoublent d’efforts, soucieux de s’améliorer dans la matière en question ou dans leur manière d’étudier, alors que d’autres abandonnent et jettent l’éponge, voire travaillent encore moins qu’avant ! Tu t’en doutes, ceux qui redoublent d’efforts améliorent leurs performances, et les autres stagnent.

Et là encore, la question qui suit cette observation semble évidente : pourquoi est-ce que certains étudiants se remettent au travail pour s’améliorer, alors que d’autres lâchent le morceau ?

En observant des milliers d’étudiants sur de longues années, Dr Dweck et son équipe se sont rendus compte que les différents comportements de chaque étudiant venaient de leur psychologie et de leur perception de leur propre intelligence.

Certains pensaient être capables de s’améliorer et de devenir meilleurs, et donc la plupart d’entre eux se mettaient au travail et redoublaient d’efforts pour y arriver, alors que d’autres pensaient qu’ils n’étaient pas capables de manière innée, comme si leur intelligence était définie par leurs gênes ou leur environnement familial d’enfance.

Ce sont ces recherches parmi d’autres qui ont donné naissance aux termes « Growth Mindset » et « Fixed Mindset » que tu as peut-être déjà rencontrés et qui relatent justement des faits observés auprès des étudiants. Si on a un « Growth Mindset« , on est conscient que l’on peut s’améliorer et « grandir », et donc on s’en donne souvent davantage les moyens en passant à l’action. Si, au contraire, on a un « Fixed Mindset« , on pense avoir un niveau « naturel » sur tel ou tel sujet, et donc on ne progresse pas ni ne se donne les moyens de progresser.

Un exemple parlant pour illustrer ça : si on se dit que « de toute façon je ne sais pas dessiner » alors on a moins tendance à s’exercer au dessin et donc moins tendance à progresser. C’est la représentation concrète de « l’état d’esprit fixe » dont parle Carol Dwecker.

Ma découverte des travaux de Dr Dweck et ces concepts autour du mindset m’ont alors apporté ma première grande réalisation sur le sujet : la manière dont on se voit soi-même, et dont on voit le monde, (deux choses qui font partie de notre état d’esprit) peuvent potentiellement avoir un immense impact sur notre activité professionnelle.

Le cercle vertueux du potentiel et des résultats

Tony Robbins, sûrement l’un des coachs les plus reconnus au monde, partage un schéma très parlant qui clarifie très bien l’impact de notre mindset sur nos résultats concrets :

Quand on regarde le « business » de manière froide, comme je le faisais à l’époque en pensant que le « mindset » c’était du bulls***, on se concentre sur deux aspects : les actions, et les résultats. —> Si je veux tel ou tel résultat, je dois faire telle ou telle action, utiliser telle ou telle stratégie, …

Si on applique les apprentissages de recherches du Dr Dweck à ce schéma, on se rend compte que ce sont en grande partie nos croyances qui vont définir le niveau d’action que l’on va entreprendre. Si je crois qu’il est possible pour moi de m’améliorer dans telle ou telle discipline, je vais sûrement davantage m’entrainer que si je crois qu’il m’est impossible de progresser. Et si je m’entraine davantage, il est très fortement possible que mes résultats soient bien meilleurs.

Mais ce schéma nous révèle des connexions encore plus intéressantes à faire pour atteindre un niveau de compréhension plus précis encore. On y retrouve 4 facteurs :

• Nos croyances et convictions : des éléments clairement issus de notre « mindset », comme l’exemple des étudiants qui croient pouvoir progresser ou non
• Notre potentiel : c’est à dire le niveau d’action et de résultat dont on est capable. Vous en conviendrez en voyant les choses incroyables que certains être humains réussissent à faire que notre potentiel en tant qu’humain est clairement impressionnant (allez faire un tour dans le livre des records si vous n’êtes pas encore convaincus)
• Nos actions : c’est ce qu’on fait concrètement, et comment on le fait
• Nos résultats : c’est ce qu’on mesure à la fin, après nos actions, comme par exemple la note des étudiants à leurs examens.

Ce que les autres parties du schéma nous enseignent, c’est l’impact réel de notre mindset sur nos résultats, et la boucle qui s’en suit. Prenons un exemple concret pour votre activité indépendante en suivant le schéma :

Si vous pensez que vous n’êtes pas faits pour faire du marketing, et que de toute façon vous n’aimez pas ça, forcément vous n’allez pas accéder à tout votre potentiel sur le sujet. Vos croyances ont un impact sur votre potentiel accessible. Et si vous n’accédez pas à tout votre potentiel, alors les actions que vous allez entreprendre seront moins importantes et impactantes.

Vous serez sûrement moins punchy et travaillé dans vos propos dans une vidéo, ou alors votre article sera écrit avec moins de passion et de recherche, puisque de toute façon « écrire des articles ce n’est pas pour moi ». Et puis comme votre niveau d’action est moindre, vos résultats ne seront forcément pas fameux. Et c’est là où le cercle vicieux s’enclenche.

Quand vos résultats sont pauvres, qu’est-ce qu’il se passe dans votre tête ? « Ah bah tu vois, je t’avais dit que je n’y arriverais pas. Ça ne marche pas, ça ne sert à rien de continuer ». On renforce nos croyances sur le fait que le marketing c’est par pour nous et on fixe de plus en plus notre état d’esprit. Et le cycle se répète. Notre « mindset » nous enferme, et nous limite. Peu importe les stratégies qu’on découvre ou dont on dispose.

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’on peut travailler notre mindset pour le changer (tu te souviens, on se l’est dit en début d’article). Et ce cercle vicieux, peut devenir un cercle vertueux qui nous tire vers le haut. Nos croyances nous permettent d’accéder à davantage de notre potentiel, et donc de poser de meilleures actions à plus fort impact, et donc d’avoir de meilleurs résultats qui renforcent notre mindset que « oui, c’est possible pour moi aussi, et j’avance ».

Comment travailler sur son mindset ?

Il y a d’innombrables manières de travailler ce sujet du mindset, Julia en a d’ailleurs fait les frais récemment pendant une série de coachings publics où je l’ai accompagnée sur ces questions. Mais pour vous lancer dans la bonne direction, je vais vous laisser avec une série de questions à vous poser :

Quand vous rencontrez des difficultés sur un sujet ou dans un endroit de votre vie professionnelle, prenez un moment pour questionner vos croyances et convictions.

• Qu’est-ce que je crois être vrai sur ce sujet ?
• Quelles sont les « vérités » qui guident mes actions ?
• Quelle est l’histoire que je me raconte sur moi, mes compétences et mon appétence pour ce sujet ?

Creusez au maximum ces 3 listes, et allez ensuite explorer leurs liens avec les actions que vous mettez en place. Je ne pourrais pas aller beaucoup plus loin sur l’origine de nos croyances et le rôle qu’elles jouent dans nos vies (je vous avais prévenus, très vaste sujet le mindset), mais commencer par les identifier peut déjà nous faire avancer bien loin sur le chemin.

Pour aller plus loin, je vous invite à écouter cet épisode de mon podcast sur notre relation au marketing, qui est un sujet sur lequel je vois énormément d’indépendants se casser les dents à cause de fausses croyances qui les limitent.