Rétrospective de mes échecs en Freelance
Échouer c’est mal, échouer c’est être faible, échouer c’est mal vu, échouer c’est la loose… Voilà ce qu’on nous apprend en France. Que ce soit via un redoublement quand on est à l’école, ou lors d’un divorce, ou fermer une entreprise, échouer c’est péjoratif et nous sommes encore trop peu à prendre conscience que l’échec est bénéfique. Et encore peu à le clamer haut et fort. Alors aujourd’hui, j’avais envie de te parler de mes échecs. Et te prouver, encore une fois, que je n’en suis pas morte, et qu’on se relève de tout
J’ai été interdit bancaire
Mes deux premières années en Freelance ont été compliquées et laborieuses . Malgré une famille et des amis présents, je n’avais pas vraiment de “référent” business et encore moins de business bestie pour m’épauler et me soutenir. J’étais sans cesse seule face à des choix, et je n’ai pas toujours fait les bons. J’ai commis pas mal de petites erreurs et, un jour, j’en ai payé le prix.
Je n’avais pas compris/réalisé qu’en Août, pour les Freelances, ce n’est pas toujours évident. Je n’ai donc pas jugé nécessaire d’économiser suffisamment pour combler le manque de travail et le peu de facturation à la fin du mois d’Août . Je me suis donc retrouvée en vive difficulté lorsqu’il a fallut payer mon loyer du mois de Septembre, et encore plus pour touuuus les autres frais qui s’enchaînaient (facture internet, téléphone, assurance voiture, & co). Je mettais un point d’honneur à me débrouiller par moi-même, je n’ai donc rien demandé à mes parents, et j’ai assumé tranquillement le fait de devoir me priver de tout caaaar… j’ai été interdit bancaire quelques semaines
Morale de l’histoire : le fait d’être en difficulté de cette manière, à cette période de l’année, me permets aujourd’hui de PRÉVOIR cette période un peu plus calme. Petit échec, grande prudence désormais !
J’ai perdu énormément de temps
J’ai toujours été organisée dans mon travail lorsque j’étais salariée. J’avais des petites notes, des rappels, aucun mail en retard, tout allait très bien. Et puis… je suis devenue Freelance. Je savais ce que je voulais faire et comment je voulais le faire. Mais malgré tout, encore une fois parce que je n’avais aucun “modèle”, j’ai eu beaucoup de mal à m’organiser.
Mes process n’étaient pas clairs. Parfois, je passais 1h à faire une tâche, alors qu’une autre fois, c’était plutôt 3h. Je ne travaillais pas de la même manière d’un client à un autre alors que c’était exactement le même contrat. Je me laissais déborder par tout et n’importe quoi. Je n’étais pas structurée dans mes actions, je ne maîtrisais rien . Breeef, je ne me reconnaissais pas du tout. Je SAVAIS que ce mode de travail était fait pour moi, mais je n’arrivais pas à le dompter à mon profit . Et ça m’a pris des mois et des mois pour parvenir à une organisation saine et efficace, encore aujourd’hui.
Morale de l’histoire : j’ai vécu l’enfer organisationnel Je suis donc en mesure d’apprécier mes journées désormais très organisées en comparaison de ce que j’ai pu vivre il y a quelques années (et puis Trello m’aide beaucoup, j’avoue – UPDATE 2021-2022 : depuis cet article, je suis passée à la magie de Notion). Lorsqu’on est Freelance, on a besoin de trouver sa propre organisation, et il faut accepter que ça prenne du temps. Certains arriveront parfaitement à faire la transition salariat-freelancing, d’autres auront besoin de construire leurs propres marques pour se sentir bien. Il est normal de patauger au départ
J’ai été exclusive
…avec mon travail. Tout comme il est difficile de gérer ses finances et ses process de travail, j’ai échoué de nombreuses fois dans mon équilibre vie pro/vie perso. J’ai privilégié mon travail à mes potes, ma famille, mes loisirs, mon sommeil et mes repas . Cela a eu des conséquences assez brutales : j’ai laissé des potes sur le bord de la route, j’ai eu droit à des remarques pas toujours agréables du genre “de toute façon, tu bosses tout le temps”, j’ai aussi augmenté mon taux de stress dans le sang par 12 en oubliant de me détendre comme je sais si bien le faire aujourd’hui avec les jeux vidéos, Netflix ou un Jack Coca.
En oubliant d’équilibrer mon quotidien, j’ai négligé beaucoup (beaucoup !) de choses pendant plusieurs années. Même si je suis intimement persuadée que c’est grâce à tout ce travail que j’en suis là aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qu’aurait été mon quotidien si j’avais eu l’intelligence de faire la part des choses…
Morale de l’histoire : il faut savoir se concentrer sur son travail lorsque c’est nécessaire (deadline importante, lancement de produit, ou simplement un rush imprévu). Mais JAMAIS s’habituer quotidiennement à négliger sa vie au profit d’un chiffre d’affaires. J’ai listé un nombre assez important de choses que je ne veux plus vivre. Et garder cette liste en tête me permet aujourd’hui d’équilibrer mes journées, j’ai appris à m’écouter finalement
J’ai mis tous mes oeufs dans le même panier
Ahahaha, l’échec classiiiique ! Je crois qu’on a tous véritablement besoin de passer par là. En 2014, j’ai tout simplement eu un client qui représentait 70% de mon chiffre d’affaires. Tout se passait bien, jusqu’au moment ou ça ne se passait plus du tout ! Je me suis donc retrouvée avec un revenu très faible (plus que 30% du coup hein) pour des dépenses qui sont restées les mêmes. Le destin a fait que j’ai très vite retrouvé un remplaçant à ce client disparu, mais c’était vraiment de la chance.
Morale de l’histoire : t-o-u-j-o-u-r-s faire en sorte d’avoir plusieurs clients, avoir un équilibre financier entre tous, pour ne jamais dépendre de l’un d’entre eux. Dans ce scénario, j’ai eu de la chance, mais si je n’avais rien retrouvé tout de suite derrière, j’aurais vraiment été en difficulté…
Je suis restée toute seule trop longtemps
Toujours dans la dynamique de moi solo dans ma barque, sans parents entrepreneurs, sans potes entrepreneurs, toussa toussa… Bah j’ai bossé seule ! De 2013 à 2016 pour être exacte. Je n’allais que très peu aux petits déjeuners/apéros entrepreneurs, mes clients me présentaient leur réseau de temps en temps, mais ça s’arrêtait là. Etant fille unique, j’étais assez solitaire comme fille. Je ne ressentais clairement pas le besoin de me sociabiliser.
Alors certes, je n’en avais pas besoin. Mais mon business en avait besoin. Il FALLAIT que je me montre pour montrer mon business, pour dire “Hé coucou j’existe et me services en community management existent !”. Et je ne l’ai pas fait. Avec le recul, je me demande comment j’ai fais pour ne pas couler. Comment j’ai fais pour rester si motivée toutes ces années. Car depuis que je travaille en espace de coworking et que je crée des partenariats avec d’autres Freelances, je me sens TELLEMENT plus sereine, j’ai beeaaaaucoup plus de contacts, de propositions de prestas, d’opportunités… !
Morale de l’histoire : si tu préfères travailler seul(e), c’est une chose. Mais ton business a besoin d’être montré, d’évoluer… et sans contact avec l’extérieur, sans rencontres, sans discussions, sans partage avec les autres, ce sera très compliqué. À l’heure actuelle, tous mes clients travaillent avec moi grâce à ces multiples rencontres. Si je n’avais pas franchi le pas de l’espace de coworking il y a 2 ans, mon entreprise n’existerait peut-être plus.
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15 commentaires
A nouveau merci ! Tes articles me font tellement bien Je me lance en tant que freelance et cette peur de l’échec est belle et bien la Grace a toi, je vais tacher de relativiser ;) Merci !
N’aies pas peur de te planter :) c’est finalement ce qui va t’aider à avancer !
« Il est dur d’échouer ; mais il est pire de n’avoir jamais tenté de réussir ». (Franklin Roosevelt)
« La vie ne fait pas de cadeaux »( Brel). Mais c’est aussi une excellente école pour ceux qui veulent réussir. Tu es parvenue à survivre malgré toutes ces difficultés. Sûr que ça t’a forgé le caractère et que tu peux maintenant te faire une existence plus sereine et plus en adéquation avec tes souhaits.
Bonne chance pour la suite.
Ces citations sont terriblement adaptées :) Merci !!
Comme toujours merci pour ces précieux conseils. On apprend en faisant des erreurs t elles sont nécessairesmis c’est toujours bn de s’en prémunir quand même….
Bisous Julia,
Pêche
Moi, mes échecs principaux, c’est de ne pas réussir à structurer mes journées, du coup je perds un temps fou.
Ça va venir :) c’est toujours ce qui est le plus long et c’est toujours en tâche de fond. Même moi aujourd’hui, il y a des jours ou je foire mon organisation :D
Bonjour Julia. Merci pour cet article qui permet également de faire le point sur ses propres erreurs …
Bon week-end
Merci Julia pour ce poste bien utile!
Je prévois me lancer sur ta voix, mais je ne suis encore qu’au début de mon aventure.
Bon courage!
Merci pour cet article. On peut parfois se mettre la pression et s’écrouler à cause d’un échec. Ton exemple rappelle qu’il faut persévérer malgré les difficultés. Et en cas d’abandon, on pourra toujours se dire qu’on a osé se lancer et qu’on maîtrise mieux l’informatique / les documents administratifs /…
Exactement. Dans chaque échec il y a une leçon, une morale, une expérience qui en découle :)
Et bien ça fait réfléchir ! Je suis extrêmement solitaire aussi, et à part les réseaux sociaux, je me montre très peu avec mon travail… Et je suis dans une phase où je me sens seule avec mes décisions d’entrepreneurs (tous mes ami(e)s et famille sont salarié(e)s, et quand je leur demande un avis, ça se sent qu’ils ne comprennent pas vraiment le statut d’entrepreneur…) et au delà des contacts de boulot, avoir quelqu’un avec qui parler de tout ce qui tourne autour de ce statut, c’est presque un luxe !
Merci pour cet article !
Prends le temps de tisser des liens avec d’autres entrepreneurs, ça fait un bien fou au quotidien tu verras :)
Je me reconnais tellement dans ce que tu dis ! Et je suis dans ma première année d’entrepreneuriat ! Il faut que je rectifie le tir assez vite car oui je suis consciente de toutes ces petites erreurs (mauvaise organisation, vulnérabilité, peur de se montrer, gestion vie pro/perso) qui affectent mon quotidien et mon mental :-(
Plein de bonnes choses pour la suite de cette aventure Aicha ! :)